Un logis simple, à la
charnière entre Moyen Age et période moderne
Nous sommes ici à la charnière entre le Moyen Age et la Renaissance,
sans doute à la fin du XVe siècle, à la fin de cette guerre de Cent ans (1337-1453)
qui depuis une trentaine d'années s’est atténuée après avoir fait rage avec les pillages,
l’augmentation des prix, et la mortalité maintenant oubliée de la grande peste
noire du XIVe siècle.
La Basse Passière a vraisemblablement été édifiée dans cette période entre guerre et
paix, avec une façade plate assez typique pour l'époque comme en témoigne un autre exemple très ressemblant, situé à Fors, au Sud de Niort.
On accédait à La Basse Passière sans doute par
le creux du vallon, en traversant le Sevreau, et sans arriver de face.
Le terme de « passière » ou « peyssière », en moyen français (1330-1500), viendrait du latin « passare », pourrait vouloir dire « écluse »[1]. Il y avait certainement une retenue d’eau plus importante, bordant une partie de la façade. Aux abords immédiats du logis principal existaient diverses constructions qui ont disparues aujourd’hui : certainement un moulin à eau, et des bâtiments agricoles, dont il reste un bâtiment, très modifié dans les années 1960.
Le terme de « passière » ou « peyssière », en moyen français (1330-1500), viendrait du latin « passare », pourrait vouloir dire « écluse »[1]. Il y avait certainement une retenue d’eau plus importante, bordant une partie de la façade. Aux abords immédiats du logis principal existaient diverses constructions qui ont disparues aujourd’hui : certainement un moulin à eau, et des bâtiments agricoles, dont il reste un bâtiment, très modifié dans les années 1960.
Le bâtiment principal est sobre et sans particularité architecturale
extérieure. Tout au plus peut on remarquer la trace ou la présence, sur les
ouvertures originelles, de dispositifs de protection comme les barreaux de
fenêtres ou les barres de portes extérieures.
La porte principale, à accolade, est quasiment le seul ornement de la
façade : ce qui semble caractéristique du XVe flamboyant et plus encore du
XVIe siècle où elles se répandront plus richement. Ailleurs sur le bâtiment,
les moulurations ou chanfreins (plats ou concaves) sont très sobres.
Sans doute comme en Bretagne, les appuis de fenêtres ne sont jamais
saillants avant le XVe siècle. Ils le deviennent ensuite. Les traverses des
baies sont aux deux tiers de la hauteur, selon une disposition héritée du XIVe
siècle.
De nombreux éléments convergent ainsi pour dater l’édifice de la fin du XVe
siècle, sinon de la transition entre le XVe et le XVIe siècle :
- de petites fenêtres en galetas au milieu du bâtiment et en combles,
- une entrée centrale aux moulures d'ébrasement tout à fait gothiques,
- un escalier intégré au coprs de bâtiment, et non hors oeuvre
- des fenêtres étroites.
D'autres attestent d'un premier remaniement au XVIe siècle, comme l'ornementation de l'une des fenêtres avec ses jeux de baguettes d'ébrasements qui se recoupent en angles.
- de petites fenêtres en galetas au milieu du bâtiment et en combles,
- une entrée centrale aux moulures d'ébrasement tout à fait gothiques,
- un escalier intégré au coprs de bâtiment, et non hors oeuvre
- des fenêtres étroites.
D'autres attestent d'un premier remaniement au XVIe siècle, comme l'ornementation de l'une des fenêtres avec ses jeux de baguettes d'ébrasements qui se recoupent en angles.
Les premiers
seigneurs de La Passière au XVe siècle : Nicolas BRUNET et Jean GOULART
Dans les archives, il est difficile de dissocier les deux seigneuries
de « La Passère », Haute et Basse. La qualité architecturale de La
Basse Passière semble plus modeste qu’à la Haute Passière : une implantation sans
doute postérieure, en contrebas dans une zone plus humide, pas de tour, des
salles de taille plus réduite, sans décor manifeste, des plafonds plus bas,
etc.
Vers 1430, Nicolas BRUNET rend hommage à RICHEMONT, seigneur de Parthenay, pour ses possessions de Saint-Mesmin, à savoir les tènements de La Bretinière, de La Passière, et de La Passedovetière.
Il fut châtelain de Pouzauges en 1407
pour Miles de THOUARS, seigneur de Pouzauges et de Tiffauges, et accusé devant
le Parlement de Paris d'avoir fait battre par un valet un certain Guillaume
SOUQUOT, au marché de Pouzauges.
Un peu plus tard, un certain Jean GOULART, seigneur de La Passière, rend lui aussi hommage au seigneur de Parthenay vers 1450 pour les biens de sa femme, Marie du RETAIL.
Il fut accusé en Parlement d'homicide, à Genouillé en Saintonge, sur la personne d'un maréchal ferrant qui l'aurait mal reçu, et qui aurait tenté de le frapper avec une guisarme.
A la même époque, selon les archives du
Parlement de Paris, vers 1452, « Jean Goulait, écuyer seigneur de La Passière
près Saint-Mesmin-le-Vieux », est accusé d’avoir participé, avec de nombreux
seigneurs locaux menés par Louis d’Amboise, Vicomte de Thouars, et le sire de
Chateaubriand, au pillage de l’abbaye de Saint-Michel-en-L’Herm. Il fut alors
menacé de bannissement et confiscation de ses biens en cas de récidive, et la
procédure semble en être restée là en 1455.
Au XVIIe
siècle : les Vexiau
On sait que Macé VEXIAU, est en 1602 sieur de La Passière, procureur fiscal
au château de Saint-Mesmin. Il a eu d'Antoinette FOURESTIER, sa femme, 9
enfants.
Au XVIIIe siècle, les Barrion et Perreau
Léon BARRION, procureur fiscal du Marquisat de Saint Mesmin, serait mort à La Basse Passière en 1732.
En 1749, on trouve mention, devant la justice seigneuriale du Marquisat de
Saint Mesmin, d’une affaire criminelle impliquant le sieur PERREAU DE LA
PASSIERE qui s’en serait pris à Antoine BERTAULT, marchand, demeurant à La
Charoulière, paroisse de Saint-André-sur-Sèvre, "avec deux domestiques,
armé de fuzil, serpe, broche à rôtir et autres instruments ».
Ils seraient venus trouver ledit BERTAULT « dans
un de ses champs où il fagotait, dans le dessin sans doutte de l'assaciner, ce
qu'il auroit fait sy son fuzil n'avoit pas raté plusieurs coups sur le
suppliant, et voyant que son fuzil avoit manqué, persistant dans son mauvais
dessin, et sans que le suppliant luy dit aucunne parolle injurieuse, il prit
une fourche dont il donna un coup par la teste du suppliant après luy avoir
donné une bourade de fusil dans l'estomacq, et le jetta par terre tout en sang
ce qui lui a causé une fièvre considérable ».
Visite intérieure
L’entrée est sans foyer, mais avec un évier, encore intact.
En façade, deux salles, dotées de cheminées sobres et monumentales
faites pour impressionner dans le cadre de la vie quotidienne, plus que pour recevoir
des hôtes ou festivités.
Dans la salle de droite : la cheminée, plus ancienne, est
surmontée d’un arc (réminiscence du XIVe siècle), plus esthétique que
fonctionnel pour la décharger du poids en surplomb. La qualité
« artistique » de cette cheminée est indéniable, à observer le grand
soin dans les profils, issu à la fois du goût du commanditaire et de la
maîtrise technique du tailleur de pierre. Dans le foyer, l’arc en brique
permettait de remplacer les matériaux rongés par le feu à une époque où les
plaques de fonte n’étaient pas répandues.
Dans la salle de gauche : la cheminée la plus tardive est dotée
d’éléments héraldiques et décoratifs paraissant exécutés, à l’époque de Louis
XIII, dans un style encore Henri IV. On remarque un
corbeau massif de poutre, avec faciès anthropomorphe. La fenêtre originelle de
la salle fut entièrement remaniée au commencement du XVIIe
siècle au profit d’une baie double, éclairant mieux le volume de la grande
salle avec une belle ornementation extérieure.
Il est possible que l’une des salles ait fait fonction de cuisine,
quoique la logique nous porte à croire que la cuisine était à proximité du puits,
dont les manoirs sont toujours dotés.
Les coussièges sont présents dans toutes les pièces, toujours sur les
murs gouttereaux. Ils sont typiques et systématiques à cette période, où les
sièges de bois ne les ont pas encore supplantés (XVIIe siècle).
Ce qui frappe aussi, ce sont les passages intérieurs en angle, depuis
l’escalier paraissant d’un confort peu courant.
Il y avait en plus deux autres arrières salles, au moins : l’une
d’elle, subsistante, est assez large, mais sans doute à l’origine sans porte
d’accès extérieur. Elle est dotée d’une cheminée où l’on aperçoit encore la
gueule d’un four à pain sans doute plus récent (taille des brique : XIXe
siècle ?), et d’un passage dans l’épaisseur du mur dont on ne connaît pas
clairement la fonction (cellier semi enterré, avec cheminée utilitaire et
placard mural ?).
En dessous : un passage souterrain, et une cave voûtée avec
encore deux ponnes en terre cuite vernissée (date ?).
Les escaliers sont « en œuvre » et non « hors
œuvre » : le plus important et ancien des deux escaliers hélicoïdaux fait
1,55 m de rayon, ce qui semble refléter la taille moyenne de l’édifice. Son mur
prolonge le refend, et dispose en bas comme dans les étages, de paliers et de
vestibules (innovant pour l’époque). Ce qui est remarquable, c’est le
dispositif de circulation horizontale qui apporte un réel confort pour la
distribution, mais aussi contre les courants d’air. A ce titre, l’escalier,
rare dans sa conception, est-il originel ? Il est ici invisible de
l’extérieur (émergeait-il en toiture ?) ou depuis les salles : il
reste, malgré son ampleur, une qualité confidentielle pour un usage strictement
privé, conception typiquement médiévale appelée à disparaître avec
« l’escalier de château » bientôt à la mode, qui sera rampe sur rampe
comme aux XVI et XVIIe siècles, et de plus en plus ostentatoire jusqu’au XIXe
siècle inclus.
Au premier étage, une pièce non chauffée paraissant être une garde
robe. Aucune trace d’évier, mais on a découvert une latrine dans l’épaisseur du
mur : chose fréquente au XVe siècle à l’étage (plus qu’en bas), et assez
répandues.
Dans les combles : une charpente du XVIIe siècle, peu décorative.
[1] Dictionnaire
du Moyen Français, version 2012 (DMF 2012). ATILF - CNRS & Université
de Lorraine. On trouve le terme par exemple dans les ordonnances des Rois de
France, en 1440 : « … refections et amandements de
plusieurs ponts de pierre et de fuste (...) et aussy d'une paissiere qui
fait aller la riviere d'Aude par ladite ville de Narbonne », Ordonn. rois Fr. V.B.,
t.13, 1440, 329 : http://cnrtl.fr/definition/dmf/passi%C3%A8re?idf=complXrmYXcahajc;str=0
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